Réduire la consommation
C'est selon nous la première étape lorsqu'il est question d'énergie dans un habitat. Tous les bâtiments ayant été construits dans l'écovillage étaient en avance sur la réglementation thermique alors en vigueur en matière de consommation d'énergie.
Une production locale et durable
Nous avons créé depuis 1996 notre propre société de production d'énergie (Energiselskabet) qui a réalisé un réseau de chaleur desservant les 125 maisons et appartements de l'écovillage.
L'énergie de chauffage est produite à partir de deux chaudières. L'une fonctionne aux granulés de bois (produits au Danemark à partir des déchets des industries du bois). La deuxième chaudière, installée en 2003, fonctionne avec des plaquettes de bois (déchets de l'industrie forestière également) dont le bilan carbone est encore meilleur que le granulé de bois. Les deux centrales à chaleur fonctionnent comme des centrales thermiques normales, seul le combustible change.
Néanmoins, nous avons rencontré des problèmes de fonctionnement, et notamment des rejets de fumée important du fait de la difficulté d'approvisionnement en plaquettes ayant un taux d'humidité inférieur à 35 %.
Nous avons expérimenté :
• Une centrale de cogénération (électricité + chaleur) utilisant un moteur Stirling et utilisant la combustion de copeaux de bois. Le moteur Stirling est une vieille invention, mais dont l'efficacité a été fortement augmentée dans les années 2000 la rendant attrayante pour l'approvisionnement énergétique moderne. Son fonctionnement dans l'écovillage a exigé un long développement et beaucoup d'engagement, mais nous envisageons désormais d'abandonner le projet du fait d'un fonctionnement instable lié à des choix techniques qui ne sont pas encore arrivés à maturité.
• Un système de distribution pulsée pour réduire les pertes de chaleur dans l'alimentation des maisons basse consommation. Au lieu d'avoir de l'eau de chauffage qui circule constamment dans le système de distribution, un système à impulsion a été mis au point. Ainsi, seule la quantité d'eau chaude nécessaire est périodiquement envoyée dans les habitations suivant les besoins. Cette expérimentation a été une réussite et limite fortement les pertes.
Après plus de vingt ans de bon service, les chaudières arrivent désormais en fin de vie. De plus, le réseau de chaleur de la ville d'Aarhus qui alimente 300.000 logement est passé en 2018 du charbon au granulé de bois et à la paille.
Si nous voulons rester pionnier, nous devons innover et passer à l'avenir à une source d'énergie "sans combustion", une source d'énergie renouvelable, c'est-à-dire au Danemark à l'éolien pour 50 % de l'énergie non fossile. Par ailleurs, une installation de panneaux thermiques solaires nous permet de faire le complément d'avril a septembre.
Nous étudions actuellement la possibilité de remplacer nos chaudières par des pompes à chaleur air/eau ou eau/eau ainsi que l'installation de 500 m2 de panneaux solaires.
Le projet initial était de faire pousser une forêt de saules à partir des eaux usées du groupe n°3 et des épandages des toilettes sèches de l'écovillage, afin de transformer ensuite le bois produit en plaquettes pour notre centrale de chauffage.
Du fait d'importants problèmes logistiques, nous avons été obligés d'abandonner la production des plaquettes de bois après quelques années et la forêt est désormais utilisée à d'autres fins.
La station d'épuration fonctionne toujours très bien mais la plupart des habitants ont abandonnés les toilettes sèches qui ont été remplacées par des toilettes à basse consommation en eau.
La totalité des constructions sont équipées de panneaux solaires thermiques qui assurent 50 % des besoins en eau chaude sanitaire sur l'année et 100 % de ces besoins de mai à septembre, ce qui nous permet d'arrêter totalement la centrale pendant cette période.
Par ailleurs, certaines familles de l'écovillage ont investi au niveau personnel dans des panneaux photovoltaïques.
Vues comme une solution de chauffage durable et économique dans les années 1980, les poêles a bois ont été peu à peu abandonnés dans l'écovillage, essentiellement du fait des recherches révélant la nocivité des fumées en cas de combustion incomplète. Plus que quelques maisons complète le chauffage de leur maison ainsi, surtout pour le confort qu'il apporte les soirs d'hiver en écho à la culture du "hygge" au Danemark.
Légèrement plus élevés (d'environ 10 à 20 %), nos prix restent assez proches de ceux du réseau de chaleur communal. À l'inverse de celui-ci dont le prix de l'abonnement (cout fixe indépendamment de la consommation) est important, le cout total dans l'écovillage est uniquement dépendant de la consommation d'énergie, ce qui motive fortement les membres de l'écovillage à optimiser leur consommation.
Pour comparer le coût de l'énergie entre le réseau communal et l'écovillage, une autre difficulté concerne l'absence de prise en compte du coût environnemental et sanitaire de la production par le réseau communal. Combien coûte le réchauffement climatique lié à l'utilisation du charbon ? Combien coûtent les problèmes de santé liés à la pollution de l'air ?